Regardez la pub, c’est bon pour la santé

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J’aime bien Félicie, de loin. Mais lorsqu’elle squatte mon canapé pour une semaine entière, je n’arrive plus à me souvenir pourquoi nous sommes amies. Les lubies de Félicie me lassent, c’est une benête qui gobe la publicité comme un merlan boulotte avidement l’asticot qui lui fait la danse du ventre au bout d’un hameçon.
Un exemple au hasard : Félicie se gave de yaourts : il y a ceux « qui rendent la peau douce », ceux qui « régénèrent de l’intérieur » et ceux qui permettent de « vivre en phase » (sic). Vivre en phase… C’est bon pour les lunatiques. Elle achète aussi du beurre qui lutte contre le cholestérol, des fruits qui attaquent la cellulite (reste à savoir s’il faut les ingurgiter ou se les coller sur le gras de la peau avec du sparadrap) et du maquillage qui fait ressembler à Kate Moss, sauf que Félicie à plus de points communs avec Josiane Balasko.

Lecteur, deux questions :

1. Choisis-tu vraiment un yaourt pour ses qualités dermatologiques ?

2. Crois-tu réellement que la belle poulette au teint de porcelaine choisie pour la publicité, qui savoure lan-gou-reu-se-ment un merveilleux yaourt et qu’on a judicieusement placée à côté d’une mocheté boutonneuse ingurgitant un yaourt normal, crois-tu réellement que cette femme soit une bonasse avec une belle peau parce qu’elle mange un « Perle de lait » chaque jour ?


À ces deux questions Félicie répond oui sans hésiter et me rétorque que ça ne coûte rien d’essayer. Et bien si, justement, quelques centimes de plus que le yaourt banalement lambda composé des mêmes ingrédients.
Félicie me prend pour une cynique acariâtre, je la prends pour une godiche crétine, c’est de bonne guerre. Lorsqu’elle veut me faire la leçon, elle prend un petit air pincé et un ton doucereux qui me hérissent le poil :


– Pourquoi as-tu acheté du saucisson, miss ?

– Comment ça « pourquoi » ? Existe-il une autre réponse que « parce que c’est bon » ?

– C’est moins bon pour ta silhouette, tu sais, miss ? On devrait trouver un club de sport près de chez toi, ce serait sympa d’y aller toutes les deux et puis, après le stress de la journée, ça nous détendrait.

– Tu devrais péter un coup, Félicie, ça aussi ça te détendrait.